Le concept de wu xing 五行
Les 5 mouvements, phases, éléments
Ce concept découle directement du concept de Yinyang, si ce dernier permettait entre autre de catégoriser les choses en deux aspects opposés et complémentaires, les wuxing quant à eux sont une étape supplémentaire dans la différenciation de yin yang ainsi que dans leur manifestation.
Arrêtons nous pour commencer sur la traduction du terme wu xing.
Le caractère wu ne pose pas de problème dans sa traduction, il signifie le chiffre 5.
Le caractère 行 est quant à lui un peu plus complexe, il peut avoir plusieurs prononciation (comme hang dans magasin: 商行 Shanghang ou banque: 银行 yinhang) ici il se prononce xing, il évoque la notion de déplacement (marcher, circuler…) d’où la traduction par le terme mouvement.
Plusieurs éléments sont importants à comprendre dans ce concept de 5 mouvements/éléments.
Tout d’abord dans l’emploi du terme mouvement ou élément, en effet, nous emploierons plutôt le terme mouvement lorsque nous parlerons de la transformation d’un élément en un autre et celui d’élément lorsque nous les décrirons de façon isolée.
Nous garderons en tête qu’une représentation sous forme de schéma d’un concept aussi complexe que yin yang ou wuxing ne saurait être pleinement satisfaisante et souvent réductrice mais nécessaire à la compréhension de certains principes.
On peut constater que ces 5 étapes sont disposées en cercle, ce qui implique la notion de cycle (Suite de phénomènes se renouvelant sans arrêt dans un ordre immuable). Elles se succèdent dans un ordre bien précis avec l’idée de transformation de l’une en l’autre.
Les différentes étapes sont symbolisées par des éléments: le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau. D’où la traduction parfois de wuxing en 5 éléments. Ces éléments font référence à des modes d’expression de la nature qui ont chacun des particularités propres.
Nous pouvons voir aussi (notamment sur le schéma de gauche avec les lignes) que les éléments semblent entretenir un lien particulier deux à deux.
Ce concept de wuxing découlant de celui du yin yang et sachant qu’un des principes élémentaires du yin yang est sa divisibilité infinie, on peut donc en déduire que ces 5 mouvements/éléments/phases sont des manifestations de l’alternance du yin yang.
Sur le schéma de droite, l’élément terre occupe une place particulière (au centre) nous verrons pourquoi plus loin.
Si on met de côté l’élément terre, 2 éléments sont « sans formes » (l’eau et le feu) et 2 sont « avec formes » (le métal et le bois).
Chaque élément est associé à une couleur, direction, saison, organes et saveur en médecine chinoise.
Nous allons reprendre ces différents constats afin de les approfondir.
Le fait que ces 5 étapes forment un cycle, implique qu’un élément arrivant à son apogée se transforme en l’élément suivant. On parle en médecine chinoise notamment de cycle d’engendrement: le bois engendre le feu, le feu la terre…
Nous avons aussi constaté que certains éléments entretenaient une relation particulière. Le bois est lié à la terre dans une relation de contrôle, on dit que le bois contrôle la terre. Il en va de même pour le feu qui contrôle le métal, la terre qui contrôle l’eau, le métal contrôle le bois et l’eau contrôle le feu. On parle de cycle de contrôle ou encore de domination. Dans certaines situations l’élément contrôlé peut « se rebeller » contre l’élément qui le domine, on parle alors d’outrage ou encore d’oppression lorsqu’un élément domine de façon excessive sa cible.
Les cycles d’engendrement et de domination sont physiologiques et ont pour fonction le mouvement et la régulation parmi les 5 phases.
En cas d’oppression (due à une faiblesse ou au contraire à la force d’un des éléments) ou d’outrage, le mécanisme devient pathologique.
La terre occupe une place à part au sein des 5 mouvements/phases/éléments. Parfois placée au centre des 4 autres, elle est l’élément qui sert de référence, l’élément qui « supportent » tous les autres, c’est vers elle qu’ils retournent. Si nous prenons l’exemple de l’application des 5 éléments par rapport aux saisons, la terre ne représentera pas une saison en particulier mais plutôt des périodes (intersaison) entre les 4 saisons que l’on connait.
A l’instar du yin yang, le concept des 5 mouvements/éléments ne se retrouve pas uniquement en médecine chinoise. Il est présent notamment dans les bazi (huit caractères) ou encore dans certains arts martiaux chinois comme le xingyiquan.
En médecine chinoise, nous parlerons plutôt de 5 mouvements ou phases. Chacun d’entre eux correspondra à un organe, une saveur, une saison, une couleur, une émotion ainsi qu’une direction.
Ainsi par exemple, le bois sera associé au Foie, au printemps, à la saveur acide, au vert, à la colère et à l’Est.
Pour le Bazi, qui rappelons le, est un outil pour explorer notre propre nature (personnalité, caractère, tendances…), on parlera plus volontiers des 5 éléments car la nature même des éléments (bois, feu, métal…) est importante et vient renforcer la compréhension du schéma individuel d’une personne. Chaque élément peut être soit yin soit yang, si on prend l ‘exemple de l’eau, l’eau yang sera assimilée aux océans, aux grands fleuves alors que l’eau yin symbolisera les eaux souterraines, la pluie ou le brouillard.
Dans le domaine des arts martiaux chinois, le concept des 5 mouvements sera particulièrement présent dans le Xingyi quan (形意拳) la boxe de la forme et de l’intention. Dans ce style, les 5 mouvements vont correspondre à 5 coups de poing. Le mouvement du métal, par exemple, s’appelle pi quan. Il s’agit d’un coup effectué avec le tranchant de la main (de haut en bas) non sans rappeler la hache qui s’abat. Le second mouvement zuan quan représentera l’eau, il part du ventre et monte en vrillant, s’insinuant dans la défense de l’adversaire telle l’eau entre les rochers…
Mouvement associé au métal: Pi quan
Comme nous avons pu le voir, les 5 mouvements forment une véritable grille de lecture à travers laquelle nous pouvons observer tout ce qui nous entoure ou ce qui se passe à l’intérieur de nous. Il y a de multiples manières de les appréhender afin qu’ils puissent nous aider à « décoder » et à approfondir notre lien entre ce qui est visible et ce qui est invisible.
